Augmentation du prix du paquet de cigarettes d’ici 2020 : plus que deux marches avant les 10 euros !

Dans le cadre de l’application de la stratégie nationale de santé et le plan de Priorité Prévention, le programme national de lutte contre le tabac 2018-2022 (PNLT), visant à réduire la consommation du tabac via une augmentation fiscale, se dirige doucement vers la dernière ligne droite. Effectivement, la hausse volontaire du prix du tabac en France a été actée dès novembre 2017, durant lequel le paquet passait de 6,70 euros environ vers les 7,10 euros. Par la suite, le programme s’est déroulé sans encombre en 2018 avec une augmentation de 1 euro pour franchir la barre des 8 euros. Pour cette année, le montant moyen a connu deux hausses suivant le calendrier gouvernemental appuyé par la Loi des Finances. Aussi, la première augmentation a eu lieu en avril avec une hausse de 50 centimes. La seconde profitera de l’évènement « mois sans tabac » pour une hausse de 50 autres centimes pour finir l’année à 9 euros ! Dans cette perspective, l’objectif 10 euros a de grandes chances d’être atteint en 2020 suivant les prévisions des organisateurs, d’ailleurs l’échelonnement des taxes et la hausse du prix du paquet sont déjà entérinés par la nouvelle Loi de Finance suivant le programme : Une hausse de 50 centimes en avril et une autre de + 40 centimes en novembre. Par ailleurs, le gouvernement introduit d’autres paramètres tels que le contrôle approfondi des achats transfrontaliers et autres fournitures illégales issues du marché noir afin de rendre la lutte contre le tabac efficace et durable. Voici les détails.

PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE CONTRE LE TABAC ET HAUSSE DES PRIX : OÙ EN SOMMES-NOUS ?

L’année dernière, l’agence nationale de santé publique « Santé publique France » avait fait l’éloge d’une politique de réduction du tabagisme efficace pour l’exercice 2017, en publiant un rapport affichant la baisse singulière du nombre de fumeurs au quotidien à hauteur d’un million de personnes. Dans cette analyse, les statistiques de l’agence annoncent une régression de la prévalence allant de 29,4% en 2016 à 26,9% en 2017, soit une baisse de 2,5 points. Inscrit dans les résultats inhérents à la stratégie nationale de santé et le Plan de Priorité Prévention, il s’agit notamment d’une étape primordiale qui constitue les nombreux défis du gouvernement en matière de lutte contre le tabac. Le programme prévoit une première génération sans tabac en 2027 et que tous les moyens possibles (sensibilisation et autres dispositions fiscales) sont utilisés pour parvenir à cette fin ! L’une des décisions les plus « draconiennes » qui a contribué à cette baisse du nombre de fumeurs au quotidien se fonde sur la politique fiscale des paquets de cigarettes. En effet, le PNLT engage les responsables de la finance publique à introduire chaque année  de nouveaux dispositifs afin d’augmenter chroniquement le prix de la cigarette, premier coupable dans l’apparition des maladies cardio-vasculaires en France. Dans cette perspective, le calendrier a annoncé une hausse de 50 centimes en avril dernier et une autre (50 centimes) à prévoir pour ce mois de novembre. Pour l’heure, le prix du paquet se négocie donc aux environs des 8,50 euros en attendant l’application du nouveau tarif de fin d’année. Par ailleurs, la même politique avait été utilisée en 2018, bien que la hausse se soit opérée en une seule action, soit une augmentation de 1 euro ! Le gouvernement cherche à calmer les ardeurs des buralistes et des fumeurs.

10 EUROS EN 2020, ET ENSUITE ?

Il semble que le programme national de lutte contre le tabac ait accompli l’essentiel des efforts en dressant la courbe des prix dès les premières années d’applications. En effet, après les 9 euros de 2019, il ne restera plus que deux augmentations avant d’atteindre l’objectif du paquet de cigarettes à 10 euros… conformément au calendrier. En avril 2020, 50 nouveaux centimes seront ainsi ajoutés au prix du paquet, tandis que 40 autres seront introduits au cours du mois de novembre afin de boucler le programme. Cependant, que prévoit le gouvernement pour maintenir cette stabilité ? Effectivement, de nombreux défis s’annoncent devant le PNLT, à savoir la reconversion des buralistes qui doivent trouver le moyen de redresser leurs comptes devant l’hyperinflation de leurs produits ainsi que la limitation et le contrôle des approvisionnements en dehors de la France, que ce soit sur le plan légal ou illégal. L’Axe 3 du PNLT 2018-2022 prévoit notamment les dispositions à prendre dans le cadre de l’action « sur l’économie du tabac pour protéger la santé publique ». Dans un premier temps, les actions N°15, 16, 17 stipulent successivement :

• La hausse progressive du prix moyen du paquet de cigarettes à 10 euros (qui devrait être effective d’ici la fin de l’année 2020)
• Une action sur la fiscalisation de l’ensemble des produits du tabac afin d’éviter les reports de consommation entre produits.

• Le déploiement d’un plan de contrôle et l’appui des associations souhaitant assurer une vigilance sur le respect de la loi, concernant la vente aux mineurs.

Dans un second temps, le second Levier 3.2 prévoit dans les actions 18 et 19 les dispositions à prendre pour lutter contre les achats transfrontaliers citant : - Action au niveau de l’Union européenne et des Etats membres pour mieux harmoniser la politique fiscale et réduire les écarts de prix.  Bien que la hausse se soit généralisée chez les pays voisins, la France, le Royaume-Uni ou encore l’Irlande se targuent d’imposer un tarif supérieur à 9 euros jusqu’à lors. En 2018, le paquet a coûté 6,20 euros en Belgique, 6,00 euros en Allemagne, 5,91 euros au Danemark, 5,86 euros en Suède, 5,20 euros en Italie et 5 euros en Espagne. Dans cette perspective, le gouffre qui sépare le cours français du tabac à ses voisins risque d’entraîner de fortes importations, contrairement à ce que les organisateurs du plan le prévoyaient. - Réduction de la quantité de tabac qui peut être achetée par des particuliers à l’étranger. Comme annoncée en amont, la France semble faire cavalière seule dans la course à l’augmentation sévère du prix du tabac. Si le programme affiche une ambition de réduire les achats transfrontaliers (qui semblent de plus en plus manifeste), le nouveau défi sera axé vers la répression et le contrôle des entrées de produits du tabac illicite. Parallèlement, cette politique ne convient pas du tout aux buralistes, car la « diversification » prévue  par le programme dans les actions 20 et 21 du levier 3.4 « Soutenir la reconversion des buralistes pour réduire l l’accessibilité matérielle du tabac » ne réussit pas du tout aux vendeurs de cigarettes. Dans une interview La Montagne effectuée récemment dans le cadre de la hausse du prix du tabac, un buraliste de la région de Riom déclare : « Malgré nos efforts, la diversification ne compense pas la baisse des ventes de tabac […] Le tabac, c’est entre 55 et 60 % de notre chiffre quotidien. La seule chose qui peut nous sauver, c’est la présence. On reste un commerce de proximité et il est vital pour nous que les gens continuent à venir chez nous. Mais comme mes collègues buralistes, je constate que la fréquentation de mon commerce est en baisse parce que les gens parviennent à se fournir autrement. » En somme, le programme PNLT 2018-2022 aura réussi à installer un nouvel ordre concernant les prix du tabac en France, cependant, le redressement économique et social des acteurs et des consommateurs reste un défi majeur.